Brésil : Le peuple Juma (Peuple en danger d'extinction)

Publié le 30 Avril 2014

image adolfo killian kessselring 1993 ISA

Ou yuma

Peuple indigène originaire de l’état d'Amazonas et qui vit de nos jours dans l’état du Rondônia.

Ils ne sont plus que 4 survivants de leur ethnie , comprenant une seule famille nucléaire qui sont tous mariés à des indiens uru eu wau wau.

Des enfants jouent dans le ruisseau du rio Assuã (Photo : Odair Leal/AR)

Terres indigènes

  • T.I Juma - 38.351 hectares, 15 personnes, réserve homologuée dans l'état d'Amazonas. Ville : Canutama.
  • T.I Uru-Eu-Wau-Wau - 1.867.120 hectares, 209 personnes, réserve homologuée dans l'état du Rondônia. Villes : Costa Marques, São Miguel do Guaporé, Campo Novo do Rondônia. 9 peuples y vivent : Amondawa (langue tupí guaraní), Kawahiva isolés du rio Muqui, Oro Win (langue txpakura), Uru-eu-wau-wau (langue tupí guaraní), Juma (langue tupí guaraní), isolés Bananeira, isolés du Cautario, isolés de l'igarapé Tiradentes.

Langue : tupi guarani

Il s’agit d’un sous-groupe des kagawahiva dont les groupes survivants sont les jiahui, tenharim, parintintin, juma, uru eu wau wau, amondawa, karipuna et peut-être existe-til des groupes isolés.

Société dualiste

Les sociétés Kagwahiva dont descendent les jumas se caractérisent (à de rares exceptions) par un « dualisme » social, c’est-à-dire une société composée de deux moitiés, deux groupes distincts et exclusifs, où un individu appartient à l’un ou l’autre des deux groupes. Chez les juma ces deux moitiés ont, littéralement, des noms d’oiseaux : Mutum ( hocco, en français, un galliforme, un oiseau qui ne vole pas) et taravé un ara jaune et bleu.

Les moitiés sont patrilinéaires (un individu appartient à la même moitié que son père) et exogames (les mariages se font entre membres de moitiés opposées). Ce système social semble unique chez les populations de langues Tupi-Guarani, il pourrait avoir été hérité des Rikbatska, population de langue macro-jê, mais qui étaient voisins des ancêtres des Kagwahiva.

Les flèches faites avec des plumes de faucon, un oiseau considéré comme protecteur des Kagwahiva (Photo : Odair Leal/AR)

Histoire

En 1750, une première mention des groupes kagwahiva dans la région de la Juruena supérieure est faite. Cette région plus tard sera balayée par la frontière de l’exploitation minière qui s’avançait toujours plus loin à la recherche de nouvelles mines d’or. Cette pression ainsi que les guerres avec les munduruku provoque la migration du groupe. La main d’œuvre indigène a été largement utilisée et généralise les conflits d’alors dans la région. Les groupes qui refusent de se soumettre à la domination coloniale doivent se lancer dans de longues migrations sur les terres amazoniennes. Dans le cas de la zone située entre les rivières Madeira et Tapajos, ces conflits ont provoqué la fuite et l’extinction de groupes entiers qui vivaient sur les rives des deux grands fleuves. D’autres groupes sont alors venus s’installer dans les espaces vides.

Dans les années 1860, les rapports de Coutinho (1863 -1865) et Chandless (1866-1949) classent les indiens de la région par rapport à leur processus adapté face à la vague colonisatrice : il y a les travailleurs et les populations guerrières. Les juma font partie de la seconde catégorie.

Au 19e siècle, les conflits avec les peuples autochtones s’amplifient sous la poussée des vagues de migration et des travailleurs du caoutchouc.

Considérés comme anthropophages, pervers et féroces, les juma restent assez longtemps isolés jusqu’à la moitié du XXe siècle.

Avec la création du service de protection des indiens (SPI), des postes autochtones sont établis dans la région puis abandonnés plus tard. La présence du SPI selon Kroemer conduit à l’affaiblissement des postes autochtones et permet l’avancée du front économique jusque dans les derniers repaires d’indiens isolés, en taisant les crimes commis contre eux.

 

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Des années 1940 à 1945, extermination systématique des tribus mamori, katikina et ximarimã sur la rivière Cunuia, des jamamadi (deni) sur la rivière Pauini et des juma de la rivière Mucuin et ses affluents.

Dans les années 1960, les juma continuent de résister malgré leur faible nompbre en attaquant des maisons et en essayant de stopper le front des envahisseurs, ils subissent de nombreuses attaques.

Des peuples autochtones comme les catauxi sont utilisés contre eux. Des scènes terribles de massacres des derniers juma sont décrites dans les années 60.

Dans les années 70, des missionnaires de l’institut linguistique (SIL) viennent pour étudier leur langue et recueillir leur histoire jusqu’en 1979. Au début, les juma refusent tout contact.

Fin des années 70 , le conseil missionnaire indigéniste dénonce le massacre dans son journal le considérant comme un génocide, mais la question posée tombe vite dans l’oubli.

Le groupe des peuples nommés kagwahiva selon les sources historiques avait émigré de la région du Tapajos supérieur à la zone de la rivière Madeira en se fragmentant au passage.

Sur le Madeira supérieure, il y avait les karipuna, les uru eu wau wau et les amondawa.

Sur le Madeira centrale, il y avait les tenharim, les parintintin et les jahui.

Dans la région du rio Purus, les juma.

Ils habitaient la région de la rivière Acua près de la ville de Labrea (partie sud de l’état d’Amazonas).

Leur territoire était situé dans la municipalité de Canutama-AM, délimité en 1993 avec une superficie de 38.700 hectares pour un périmètre de 130 km2.

Les terres à ce jour ne sont toujours pas homologuées en raison du doute concernant la survie de l’ethnie comportant des personnes toutes liées et ne pouvant avoir d’enfants.

En 1998, les juma sont déplacés de leurs terres par la funai qui les emmène à la maison de l’indien à Porto Velho (Rondônia), au village Jamary supérieur pour y vivre avec les uru eu wau wau dont le père et les filles sont mariés à des personnes du groupe.

Ils habitent donc ce village dans le doute quand à une possibilité de retour sur leurs anciennes terres.

Mborep, fille de Borehá Juma avec Erowak Uru-eu-wau-wau (Photo : Odair Leal/AR)

source : socioambiantal

Rédigé par caroleone

Publié dans #Brésil, #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Juma

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