Le sacrifice
Publié le 9 Mars 2014
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Ils ont éteint leurs prunelles
A fixer sans cesse l’étincelle
Ils ont remplacé dans leurs poumons
L’air pur par la poussière d’amiante
Ils ont laissé dans les casques
L’ouïe qui aimait entendre le quotidien
Ils ont laissé fixés sur les machines
Des poignets fragiles comme du verre
Ils ont abandonné dans le ciment
Leurs empreintes brûlées par la fibre et le sang
Dans les galeries souterraines
Leurs sens ils ont égarés
Sans eux ils sont remontés à l’air pur
Désorientés, à jamais brisés
Ils ont au fond des yeux
Un regard éteint à jamais
Ils ont au creux de leurs paumes
Les rides des travailleurs qui jamais ne chôment
Pour une feuille de paie de misère
Le patron sur les paumes prospère
Et la plus-value, lui, il s’en met plein la vue
Ils ont laissé à l’atelier
Leurs colonnes vertébrales jeunes en acier
Ils ont jeté aux oubliettes
La souplesse et les bras d’athlètes
Dans leur corps aux nerfs brisés
Plus aucune énergie à diffuser
Le sacrifice d’une vie pour une si maigre retraite
Pèse si lourd jusqu’au plus petit espoir d’embellie
La jeunesse est partie
Reste une vieillesse cassée brisée sur l’autel du capital
Qui chaque jour trouve sans cesse son vassal.
Ils ont accroché leur santé
Au porte-manteau des sacrifiés
Puis se sont en allés les yeux tristes
Le dos courbé
Ramasser des miettes de vie
S’il leur en reste…..alors merci.
Carole Radureau (06/03/2014)
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