Tout seul
Publié le 14 Février 2014
Une belle poignée de terre-mère argileuse
dans la main qui n’attend que cette étreinte :
je modèle,
je sculpte la forme mais en vain,
d’un seul être qui serait le centre du monde.
Une rose.
Ses aiguillons effleurent ma paume attendrie,
ses doux pétales caressent mon ventricule gauche,
celui qui se couche si subitement sous la douceur naissante.
Je forme le bouquet d’un monde
qui ne suit jamais le bon berger.
Dans la carrière aux pierres tendues,
ramassant celle qui ciselée et profilée
n’attend que le bon moment,
je dessine les contours qui bordent la terre-mère.
Je me dis que si les cailloux parlaient,
ils seraient sévères :
La main que l’on nous tend,
Le signe qui passe au-dessus de nos têtes sans faire tilt,
Le cri qui de ses yeux prononce toute son horreur,
La compassion qui ne sait plus trouver le chemin des cœurs,
L’être humain qui se bat seul contre des moulins à vent :
…..Balayés par l’ouragan du conformisme puant
….Balayés par la vie qui s’abat comme une nuée et s’enfuit
…Balayés par le désintérêt généralisé pour les causes nobles
..Balayés par les nauséabondes et putrides haines du monde.
Je t’offre un pétale de rose ,
mais un seul.
Seul il est car son cœur est écartelé,
là dans ce monde qui vit sans se soucier de lui.
Il doit y trouver sa place :
Peut-il vivre sans la chaleur des pétales –frères ?
Peut-il vivre sans la douce couverture de terre-mère ?
Peut-il vivre sans la douce eau complice abreuvant ses craintes ?
Peut-il vivre au milieu de la haine et des cris
des injustices et des trahisons complices ?
Peut-il vivre sans amour infini et sans compréhension ?
Prends soin du pétale de rose qu’un jour la main t’offris.
C’est un pétale de vie.
Sa seule richesse c’est celle que tu lui procureras.
Sa seule espérance,
c’est celle d’une place sur la terre solidaire et unie
tout comme dans un cœur qui un jour s’ouvrit.
Carole Radureau (14/02/2014)
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