Le petit Ferrat illustré : Le coeur fragile
Publié le 21 Décembre 2013
Si je meurs un beau soir d'hiver
On dira que c'est d'un cancer
Ou bien d'un truc à quelque chose
Il peut se trouver des experts
Qui décréteront au contraire
Que c'était la tuberculose
C'est pourquoi je prends les devants
Pour affirmer dès maintenant
Croyez pas ces vieux imbéciles
J'avais une santé de fer
Je n'avais qu'un petit travers
J'avais le cœur un peu fragile
Le cœur fragile
Les mains fébriles
La bouche offerte
J'aurai vécu
Sans avoir cru
L'île déserte
En attendant
Le cœur battant
La découverte
Je veux dormir
Je veux mourir
La porte ouverte
Quand on prend tout d'un cœur léger
Il paraît qu'on vit sans danger
Que la mort longtemps nous évite
Mais j'ai voulu croire au bonheur
Et j'ai pris tant de choses à cœur
Que mon cœur a battu trop vite
Au lieu d'être un homme averti
Qui se passionne au ralenti
J'ai pris le parti des poètes
C'est en cherchant la toison d'or
Que mon cœur a battu si fort
Quand j'y pense encore il s'arrête
Le cœur fragile
Les mains fébriles
La bouche offerte
J'aurai vécu
Sans avoir cru
L'île déserte
En attendant
Le cœur battant
La découverte
Je veux dormir
Je veux mourir
La porte ouverte
On me dira c'est pas sérieux
On ne s'en va pas pour si peu
Il faut des raisons bien plus fortes
Mais je n'ai pas d'autres raisons
De mettre sous le paillasson
La petite clé de ma porte
On peut mourir tout doucement
D'un petit baiser qu'on attend
D'une voix froide au téléphone
D'un mot qu'on lance à bout portant
D'une confiance qu'on reprend
D'un amour qui vous abandonne
Le cœur fragile
Les mains fébriles
La bouche offerte
J'aurai vécu
Sans avoir cru
L'île déserte
En attendant
Le cœur battant
La découverte
Je veux dormir
Je veux mourir
La porte ouverte