Qui est la pachamama ?

Publié le 10 Novembre 2013

Qui est la pachamama ?

On en parle de plus en plus, elle est bien galvaudée et on la retrouve intitulant nombre d’associations et de sites comme un symbole de la nature et de l’écologie, d’un certain bien-être attirant les occidentaux en mal de sensations naturelles et cosmiques.

Mais avant tout, pour les indiens elle est une déesse.

Qui est la pachamama ?
Pachamama la déesse-terre

En effet pour certaines cultures correspondant à l’ancien empire inca, les peuples aymara et quechua en particulier elle est la déesse terre-mère.

C’est une déesse majeure de la culture pré-inca Tiwanaku en Bolivie, une déesse sans temple qui s’honore en tous lieux naturels avec une préférence malgré tout pour les lieux en hauteur, les montagnes ou les sommets.

En détaillant la composition de son nom on apprend que :

  • MAMA, est la mère nourricière, la maman mais aussi la femme, celle qui a ou a eu des enfants, une femme respectable.
  • PACHA est la terre, le sol, le lieu, la région, le pays, mais aussi le monde. Il faut savoir que dans la culture inca il n’y a pas de distinction entre l’espace et le temps. Cet espace-temps est appelé PACHA dans les cultures quechua et aymara.

PACHAMAMA est donc la déesse de l’espace-temps.

Qui est la pachamama ?

Sur ma chakana les trois mondes incas sont représentés par les animaux : le condor représente le monde d'en haut, le puma le monde d'ici et le serpent le monde souterrain

Mais le terme PACHA sert aussi à désigner les trois mondes dont la pachamama est la synthèse :

  • ALAJ PACHA : le ciel, la terre d’en haut
  • AKA PACHA : la terre d’ici
  • MANQA PACHA : le monde souterrain

C’est ce monde souterrain qui a été largement diabolisé par les catholiques colonisateurs.

Pour autant ce monde souterrain est un monde germinal, qui accueille tel le ventre de la terre-mère ce qui n’est pas encore advenu.

Qui est la pachamama ?
Chez les kallawaya

La pachamama se nomme PACASMILI.

Pachatata lui se nomme Kamañito, il est l’équivalent du dieu soleil des incas qui l’appelait INTI.

Pacasmili et Kamañito sont complémentaires.

Pour en savoir plus sur la cosmovision des kallawaya, le site de Jean-Luc Colnot :

Qui est la pachamama ?
La pachamama dans l’histoire précolombienne

Dans la culture tiwanaku on trouve d’abondantes traces de la pachamama dont le culte semble se perdre dans la nuit des temps.

Souvent à Tiwanaku sa représentation figurative lui met trois visages représentant les trois temps ou les trois mondes.

Cosmovision andine

Dans la cosmovision andine, elle n’est pas assimilée au principe créateur lui-même malgré le fait qu’elle soit une déesse de la fécondité.

Qui est la pachamama ?

image Viracocha

Ces fonctions que je viens de citer sont celles de la divinité masculine Viracocha (que les indigènes assimilent à dieu) ou à PACHATATA, qui est l’équivalent de la pachamama, son époux et son frère.

Syncrétisme et similitudes

On peut la voir parfois telle une mère à l’enfant unissant alors les principes féminins et masculins.

Avec la colonisation qui tenta d’extirper ce culte des cerveaux indigènes, la pachamama s’est plus ou moins christianisée en une sorte d’adoration à la vierge Marie. On trouve alors chez les aymara des termes tels que Wirjin Tayka, la vierge mère.

Qui est la pachamama ?
Ses fonctions

Pachamama a pour fonction de protéger et nourrir.

Elle est la déesse de la nature, la divinité la plus chérie du monde andin car grâce à elle existent les champs, les forêts, les sources, les fruits et les animaux, la chaleur et le froid, les nuages.

Elle est partout à la surface de la terre mais aussi dans le sol.

Elle représente enfin toutes les choses de la terre, utiles, agréables aux sens, elle représente l’amour et ce qui nourrit le corps et l’esprit.

Si tout au long de l’année, la pachamama représente un principe générateur laissant l’homme cultiver la terre à sa guise selon le cycle des saisons, il existe des périodes ou elle prend un caractère féminin propre et il est alors interdit de travailler la terre ces jours-ci. C’est le moment de faire les offrandes (du 1er au 6 août, en décembre, le 1er janvier, le 24 juin jour de la St Jean, la trinité et le mardi saint).

Pendant la semaine sainte, la terre meurt car elle ne peut contrôler un esprit mortifère ou des démons qui vivent dans les rivières et les lacs et les paysans vivent cela de façon très réelle.

Qui est la pachamama ?

image rituel d'offrandes

Cérémonie d’offrande : Ch’alla

C’est une cérémonie de réciprocité andine qui se fait en particulier pour honorer la pachamama et consiste à arroser la terre ou les biens avec de l’alcool et des pétales de fleurs.

Dans les campagnes andines, le rituel consiste à couvrir la terre de pétales et enterrer des biens : cigarettes, feuilles de coca, alcool et d’autres choses dans le but de nourrir la pachamama.

En ville, on décore la propriété avec des serpentins en couleur et on l’arrose d’alcool, de graines et de pétales.

La ch’alla est une sorte de bénédiction ou de baptême qui vise à placer un bien et ses propriétaires sous la protection de la pachamama.

Qui est la pachamama ?

(image: sur le marché aux sorcières de la Paz, on peut trouver tout le nécessaire pour les offrandes et surtout.....les fameux foetus de lamas séchés !!)

Dans la culture aymara, une des offrandes les plus communes est le fœtus de lama enterré sous les travaux d’une construction ou dans les champs pour attirer la bonne fortune, le bien-être ou éloigner les mauvais esprits.

L’ofrande en Bolivie se fait sur une table de cérémonie (apxata) constituée d’un autel aux nombreuses couleurs sur lequel on dispose des offrandes sur un tissu traditionnel d’aguayo : fruits, bonbons, céréales, épices, noix, vin, pétales, fœtus de lama. Les offrandes de la table sont ch’allées, brûlées et fumées avec des bois aromatiques de koa et palo santo et sont ensuite enterrées pour être offertes à la pachamama.

Chaque région de Bolivie à son plat typique pour la cérémonie :

A La Paz, le « puchero » est une sorte de soupe composée de plusieurs viandes accompagnée de pois chiches, maïs, navets, épices, pommes de terre et d’une sauce piquante d’oignons qui se déguste le mardi de la ch’alla du carnaval.

Qui est la pachamama ?

Aptapi aymara

Dans les zones rurales de l’Altiplano, on consomme un plat ancestral nommé « aptapi » (repas commun auquel chacun apporte sa part : pommes de terres, viande, maïs, fromage)

A Cochabamba est servi le traditionnel « chajchu » : un plat à base de viande d’agneau frite

La pratique d’arroser la terre ou des objets pour les « bénir » se retrouve dans d’autres cultures traditionnelles et pas seulement indigènes, on en a des relents dans notre société moderne occidentale.

Par exemple en Afrique, on offre la première gorgée aux ancêtres en la versant sur le sol.

Dans le rituel du baptême catholique, on arrose le nouveau-né d’eau bénite.

On peut aussi parler de l’inauguration lors de fêtes au cours desquelles on lance une bouteille de champagne sur la nouvelle acquisition ou la nouvelle propriété commune ou non.

Puis on peut également citer la tradition de sabrer et arroser le champagne pour fêter la nouvelle année.

Qui est la pachamama ?

Apacheta

........Pour aller plus loin sur la pachamama…….

Loi pour les droits de la terre-mère en Bolivie

Ça en a fait bondir pas mal chez les progressistes, les laïcs et les politiques qui pensent avoir la juste maîtrise de leur pensée. Moi, ça m’a réjouit le cœur et ça m’a même beaucoup amusé que ce grand coup de balai cosmique envoyé dans la face de la politique politicienne et dans l’écologie verdâtre qui pense tout savoir et tout connaître des fonctions vitales de notre planète et comment la préserver s’il en est encore temps.

Et pour quelqu’un qui, comme moi est assez pragmatique quand il s’agit de croyances, j’ai bien aimé le caractère magique, le côté poétique du programme du bien vivre bolivien qui à pris la suite de cette loi sur les droits de la terre-mère.

Parce que l’être humain a besoin aussi de rêve, de mythes et d’histoires naturelles pour faire avaler la pilule amère que nous font gober chaque jour les politiques mondiales qui servent le capital sur un plateau de sang.

Qui est la pachamama ?

C’est une première mondiale :

La loi Terre Mère consacre les droits de la Terre Mère, au même titre que les droits humains ou les droits animaux. En substance, la « Ley de Derechos de la Madre Terra », proclamée le 15 octobre 2012, reconnait les droits suivants à la Terre Mère :

Article premier

La terre est un être vivant.

Article 2

Tous les êtres vivants qui peuplent la terre représentent une partie de la diversité constitutive de la Terre. Le terme « être » intègre les écosystèmes, les espèces et toutes les autres entités naturelles qui existent comme partie de la Terre.

Article 3

Toute vie doit être honorée, respectée et préservée quelle qu’en soit l’utilité pour l’homme. Tous les êtres ont le droit à la dignité, au bien-être et à vivre libres de tortures ou de traitements cruels infligés par les être humains.

Article 4

Tout comme les êtres humains jouissent des droits humains, tous les autres êtres de la Terre ont également des droits spécifiques à leurs conditions et propres au rôle et à la fonction qu’ils exercent au sein de la Terre.

Article 5

La Terre et tous les êtres qui la composent sont titulaires de tous les droits inhérents et reconnus dans cette Déclaration, sans aucune distinction selon les espèces, l’origine ou toute autre catégorie.

Article 6

Les droits de chaque être sont limités par les droits des autres êtres, et tout conflit impliquant ces droits doit être résolu de façon à ce que soient préservés l’intégrité, l’équilibre et la santé de la Terre.

Article 7

La Terre et tous les êtres qui la composent possèdent le droit de vivre et d’exister, le droit à la régénération de leurs capacités biologiques et à la bonne continuité de leurs cycles et processus vitaux ; tous les êtres ont le droit à l’eau comme source de vie, à la pureté de l’air, à la pleine santé, à être libres de contamination, de pollution et de déchets toxiques ou radioactifs ; tous les êtres ont le droit de ne pas être génétiquement modifiés et transformés dans leur structure, ce qui menacerait leur intégrité et leur fonctionnement vital et sain.

Article 8

Tous les êtres humains ont le devoir de respecter la Terre et de vivre en harmonie avec les vies qui la constituent.

Article 9

Les êtres humains ont le devoir d’agir en accord avec les droits et obligations reconnus dans cette Déclaration, de s’assurer que la recherche du bien-être humain contribue au bien-être de la Terre, à présent et à l’avenir.

Article 10

Les êtres humains ont le devoir de promouvoir et de prendre part à l’apprentissage, à l’analyse, à l’interprétation et à la transmission des modes de vie en harmonie avec la Terre en accord avec cette Déclaration.

Article 11

Les êtres humains ont le devoir d’investir les institutions d’un pouvoir de défense des droits de la Terre, d’établir et de rendre effective l’application des normes et des lois pour la défense, la protection et la préservation des Droits de la Terre.

Article 12

Les êtres humains ont la responsabilité de respecter, de protéger, de préserver et là où ce sera nécessaire, de restaurer l’intégrité des cycles et équilibres vitaux de la terre, de mettre en place des mesures de précaution et de restriction pour éviter que les activités humaines ne conduisent à l’extinction d’espèces, à la destruction d’écosystèmes ou à la modification des cycles écologiques.

Article 13

Les êtres humains ont le devoir de promouvoir des modes de vie, des modèles économiques et des politiques de développement qui respectent la Terre et les droits reconnus dans cette Déclaration.

Pour aller encore plus loin sur les lois boliviennes en rapport à la pachamama, le sumaj kawsay, le bien vivre andin :

Sources : kallawayan cani, caserita.info, wikipédia, cocomagnanville

Rédigé par caroleone

Publié dans #indigènes et indiens, #Savoirs des peuples 1ers

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S
Moi personnellement je croit pas a tout sa mes j'écoute les gens qui croit .Il faut les écouté .merci
C
Oui, chaque croyance ou non-croyance mérite le respect. Il n'y a qu'ainsi que les hommes pourraient vivre en paix.