Le patrimoine oral et les manifestations culturelles du peuple zapara

Publié le 25 Novembre 2013

Le patrimoine oral et les manifestations culturelles du peuple zapara

image Anne-Gaël Bilhaut

Ils sont considérés comme les premiers occupants de la région amazonienne qu’ils occupent toujours aujourd’hui (province de Pastaza, le long des fleuves Conambo et Pindocayu sur le haut Curary en Equateur et province du Loreto, le long du tigre au Pérou). A la fin du XVIIe siècle avant les premiers contacts ils étaient encore une ethnie imposante riche de 100.000 personnes. De nos jours il ne reste qu’environ 250 zaparas en Equateur et une centaine au Pérou. Les zapara du Pérou ont complètement perdu leur langue et leurs traditions.

D’ailleurs en 1975, c’était un groupe « officiellement » éteint.

Pour autant, il ne l’était pas et pour le sauvegarder des unions interethniques (quechua entre autre) et avec des mestizzo ont été nécessaires et ont provoqué une perte des traditions ainsi qu’une perte d’identité.

Ce peuple a développé une culture orale très riche en connaissances sur son environnement naturel au cours des activités semi-nomades ancestrales. Leur vocabulaire révèle de nombreuses connaissances de la faune et de la flore, des pratiques thérapeutiques dérivées des plantes médicinales, ainsi qu’une riche cosmologie et une mythologie variée qui se révèlent toutes deux par des pratiques artistiques et leur langue qui est la dépositaire de l’histoire du peuple mais également de la région.

Le patrimoine oral et les manifestations culturelles du peuple zapara

Mais malheureusement leur langue est en danger d’extinction et il y avait un besoin urgent de la préserver au plus vite car elle n’est plus parlée que par 5 locuteurs âgés et dont l’isolement les uns par rapport aux autres ne permet plus la pratique.

Les zapara ont donc choisi de mettre en place un système éducatif trilingue (zapara, kichwa et espagnol) dans lequel les derniers locuteurs peuvent enseigner leur savoir aux enfants à travers le vocabulaire et les chants.

Un dictionnaire a été réalisé par Carlos Andrade et il a été distribué aux familles. Des résultats sont visibles auprès de la jeune génération.

La reconnaissance de leur patrimoine proclamé dès 2001 et inscrit en 2008 au patrimoine culturel et immatériel de l’humanité (unesco) a permis de mettre en place par les indigènes et les associations qui œuvrent à leur côté des programmes de renaissance de la culture et de la langue.

Aujourd’hui, ce groupe que l’on disait éteint peut vivre une belle résurgence qui ne pourra que les aider pour les luttes à venir contre les pilleurs de territoire et les mégaprojets dont leur région est la destinataire.

Je vous propose plusieurs documents pour étayer cet article.

Ils sont en partie dus à Anne-Gaël Bilhaut qui a effectué sa thèse de doctorat sur cette ethnie et grâce à laquelle nous avons autant de données et de connaissances sur ce peuple.

Dans l’article ci-dessous, elle a permis à l’ethnie de se réapproprier certains savoirs en leur faisant découvrir des objets de leurs ancêtres détenus au musée du quai Branly à Paris.

Cet article est riche en détail et il est émouvant de constater ce revers de l’histoire à travers les réactions du zapara présent.

Dans la vidéo ci-dessous, elle nous parle des rêves qui tiennent une grande place dans la cosmologie et les pratiques des zapara.

Résumé de la vidéo

"La fabrication zapara du patrimoine (Haute Amazonie). Une approche par le rêve"

Pour les Zápara d’Équateur, le rêve est avant tout un mode de communication : communication avec les interlocuteurs oniriques, humains et non humains, communication avec les autres humains vivants et communication avec des êtres habitant au-delà des frontières temporelles et spatiales. L’intérêt de se rendre dans ces espaces contrôlés est d’aller y chercher des connaissances : auprès des ancêtres pour puiser dans la mémoire collective ; des ascendants, chamanes fameux, pour obtenir de nouveaux savoirs chamaniques et poursuivre l’apprentissage. Dans cette conférence seront présentées les caractéristiques les plus saillantes du rêve, entendu comme processus, mais aussi comme véhicule pour accéder à la connaissance et à la patrimonialisation. Ceci nous permettra de réfléchir aux raisons qui ont poussé les Zápara à investir dans le rêve pour se distinguer des autres groupes indigènes selvatiques.

Le patrimoine oral et les manifestations culturelles du peuple zapara

Image Anne-Gaël Bilhaut

Et dans cette biographie parue dans le journal de la société des américanistes, il est question de pierres magiques :

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