Brésil : Le peuple Kuikuro

Publié le 16 Novembre 2013

image Calliopejen

Les kuikuro

Peuple autochtone du Mato Grosso au Brésil.

C’est l’un des peuples qui vit au sein de la réserve du Xingu (PIX)

Autodénominations : ipatse otomo, ahukugi otomo et lahatua otomo

Population : 653 (2014)

Langue :  kuikuro de la famille des langues karib

Sur le nom kuikuro

C’est un nom donné au 19e siècle par un ethnologue en contractant le mot kuhi ekugu (vrai kuhi) qui était à l’époque un village kuhikugu constituant le premier village d’un groupe local s’étant séparé des autres caraïbes du haut Xingu. La mauvaise prononciation des anciens kuhikugu otomo a fini comme nom collectif pour les distinguer de ce groupe en donnant le nom de kuikuro dont les non-indiens se servent.

Le groupe caraïbe du haut Xingu est composé de quatre ethnies : les matipu, les nahukwa, les kalapalo et les kuikuro.

Terre indigène

  • T.I Xingu - 2.642.003,93 hectares, 6090 personnes, réserve homologuée dans l'état du Mato Grosso. Villes principales : Feliz Natal,  Gaúcha do Norte, Querência, São Félix do Araguaia, São José do Xingu. 16 peuples y vivent : Aweti (langue aweti), Ikpeng (langue karib), Kalapalo (langue karib), Kaiabi (langue tupi), Kisêdjê (langue jê), Kuikuro (langue karib), Matipu (langue karib), Mehinako (langue arawak), Nahukuá (langue karib), Naruvotu (langue karib), Tapayuna (langue jê), Trumai (langue trumai), Waujá (langue arawak), Yawalapiti (langue arawak), Yudja (langue juruna).

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Histoire

Leur territoire traditionnel était sur la partie orientale de la zone de chalandise du fleuve Xingu (rivières Culuene, Buriti et Curisevo).

Trois villages existent dont le plus important est Ipatse (300 personnes) sur la rive gauche de la Culuene.

Ils pratiquaient des alliances politiques ainsi que des mariages avec les yawalapiti pour contribuer à la renaissance des yawalapiti dans les années 50.

Les poteries distinctives et les modèles de villages circulaires avec patios centraux sont des marqueurs d’une histoire vieille d’au moins mille ans dans le haut Xingu.

Les peuples caraïbes francophones du haut Xingu sont arrivés dans la région de l’est au cours de la première moitié du XVIIIe siècle. Ils rencontrent alors les peuples arawak puis ensuite arrivent les groupes tupis.

En 1915 c’est le début de l’exploration Rondon

A la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 50, la population de la région tombe de 3000 à 1840 personnes en 1925 et un peu plus de 700 indiens dans les années 40, suite aux maladies provoquées par le premier contact.

Entre 1884 et 1960, des programmes de vaccination systématiques commencent dans le haut Xingu car la population de la région chute de près de 80 % suite aux épidémies de grippe, rougeole.

Les groupes sont alors obligés de se rapprocher du poste Léonardo au nord de leur territoire traditionnel pour dépendre de l’aide fournie par les fondations de protection des indiens.

En 1960, la démographie repart grâce aux campagnes de vaccination et les groupes s’organisent pour récupérer leurs terres qui n’avaient pas été abandonnées.

Mode de vie
Les villages

Comme la plus grande partie des villages du haut Xingu ils sont de forme circulaire avec une partie centrale et une orientation permettant de comprendre l’organisation politique et sociale de la société du Xingu.

Les patios et chemins radiaux (qui sont similaires aux principaux sentiers des villages préhistoriques) quittent le patio er sont alignés vers les points cardinaux (N-S et E-O) avec des éléments importants du paysage local, des ports et des ponts. Les maisons sont longues et ovales (malocas), de construction complexe, pour les kuikuro elles se nomment oca.

image fleur de péqui

Ressources alimentaires

Les jardins sont des abattis brûlis qui se trouvent à des distances variables de la forêt et qui sont cultivés sur des périodes de 3 ou 4 ans avant d’être mis en jachère.

La base est constituée par les produits dérivés du manioc et le pequi.

Le péqui est un arbre brésilien qui produit des fruits comestibles (noix), son nom latin est caryocar brasiliense. Il est planté à côté des jardins de manioc. C’est une culture vivrière importante et saisonnière dont ils utilisent l’huile pour oindre et protéger la peau. Il accompagne le manioc.

Le manioc fournit 85 à 90 % de l’apport alimentaire et ils en cultivent 46 variétés toutes toxiques. Avec la farine de manioc qu’ils lavent pour enlever l’acide prussique du manioc amer qui est toxique, ils fabriquent un pain sans levain (beju). Ils font également des boissons avec le manioc.

Ils récoltent aussi le miel, les fruits sauvages, des œufs de tortue, des fourmis coupeuses de feuilles.

Ils cultivent aussi sur leurs parcelles des patates douces, du maïs, du coton, du poivre, du tabac, du roucou, des bananes, des pastèques, des citrons et des papayes.

Le roucou, le génipapo, l’argile blanche, le charbon de bois et les résines sont utilisées pour faire des pigments naturels pour les peintures corporelles.

La chasse n’est pas une activité principale, mais il consomme toute sorte de gibier en dehors du singe (tabou). La viande chassée produit environ 15% de l’apport alimentaire.

La pêche se pratique avec l’arc et les flèches, les lances, les pièges, les hameçons et les harpons, les barrages et le timbo.

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L’artisanat

Il est surtout utilisé pour fabriquer des objets utilitaires, les tabourets, les nattes, les paniers, les parures de plumes pour les cérémonies. Les objets fabriqués servent aussi de moyens de paiement contre des services comme le chamanisme, pour acheter des poteries fabriquées par les groupes arawak, pour sceller des mariages ou pour conclure des échanges inter-villages nommés uluki.

Ils sont renommés au sein du parc du Xingu comme les spécialistes de la fabrication de colliers et ceintures en coquilles d’escargots terrestres qui sont de grande valeur et contribuent au système économique du parc.

De nos jours, pour pouvoir acheter des produits manufacturés, ils doivent pouvoir fournir de l’artisanat plus commercial alimentant les marchés ou les ventes en gros.

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Vie sociale et politique

Les cérémonies se déroulent sur le patio, particulièrement celles liées aux rites de passage.

Les villages sont dirigés par des chefs qui sont plusieurs dans une catégorie de chefferie. Les femmes peuvent devenir chef. On devient chef par une composante héréditaire mais c’est aussi le résultat d’une trajectoire politique individuelle, les efforts de l’individu pour y arriver et une bonne dose de générosité en attribuant des biens, mais aussi en gagnant les combats lors du rituel du kuarup ou fête des morts .Il faut aussi posséder des capacités de leader, connaître les rituels, savoir tenir des discours oratoires. Les symboles représentant les chefs, y compris figés dans les statues sont le crocodile et le jaguar.

image Afukaka Kuikuro

Les kuikuro de nos jours sont dirigés par Afukaka Kuikuro et Aritana Yawalapiti qui portent le titre de caciques.

Sous l’initiative d’Afukaka, les kuikuro dorénavant filment leurs rituels et cérémonies afin de laisser une mémoire aux jeunes générations.

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L’unité familiale est celle de la famille nucléaire parfois élargie pour y ajouter des parents veufs ou veuves ou des enfants mariés. Le fils marié part vivre dans la famille de son épouse qu’il aide un certain temps (uxorilocalité) puis ensuite le couple peut aller construire sa maison.

L’héritage, y compris celui de la chefferie vient des lignés paternelles comme maternelles. Les noms sont transmis des grands-parents aux petits enfants.

Cosmologie

Il existe des récits ou des mythes nombreux (akinha ekugu) pour expliquer tout ce qui existe sur terre le soleil (giti) est le créateur avec son jumeau (aulukuma), la lune et ils sont associés à toute une galerie d’ancêtres

Les kuikuro ont une connaissance approfondie des étoiles et des constellations.

Le chaman

Le chaman acquière ses pouvoirs au cours d’une longue et difficile initiation avec un chaman âgé ou à travers le rêve. Il faut se soumettre à des restrictions alimentaires et sexuelles caractérisées par les phases de solitude. Le chaman quand il a réussi à maîtriser les épreuves devient alors un guérisseur avec une vision exceptionnelle, il est capable de diagnostiquer les causes des maladies et de la mort, les vols, les catastrophes naturelles . les femmes peuvent également devenir chamanes.

Le kehegé oto n’est pas un chaman mais il est le propriétaire des prières, il les a apprises et sait s’en servir pour guérir des sortes de maladies et aider lors des accouchements.

De magnifiques clichés des kuikuros de Rita Barreto en suivant ce lien.

Sources : socioambiantal, wikipédia

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Brésil, #Kuikuro

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