Brésil : Le peuple Kisêdjê ou Suya
Publié le 21 Novembre 2013
Autre nom : suya orientaux
Autodénomination : kisêdjê
Peuple autochtone du Brésil qui vit dans l’état du Mato Grosso et fait partie des ethnies qui composent le parc indigène du Xingu (PIX).
Population : 424 personnes (2014)
Langue : jê de la famille de langue macro-jê
Territoires :
- Ngôjwêrê, un village établi au bord du territoire indigène Wali (reconquis par les kisêdjê)
- Le village Ngôsokô
Terres indigènes
- T.I Wawi- 150.328,18 hectares, 457 personnes, réserve homologuée dans le Mato Grosso. Villes : Querência, São Félix do Araguaia. 2 peuples y vivent : Kisêdjê (langue jê) et Tapayuna (langue jê).
- T.I Xingu - 2.642.003,93 hectares, 6090 personnes, réserve homologuée dans l'état du Mato Grosso. Villes principales : Feliz Natal, Gaúcha do Norte, Querência, São Félix do Araguaia, São José do Xingu. 16 peuples y vivent : Aweti (langue aweti), Ikpeng (langue karib), Kalapalo (langue karib), Kaiabi (langue tupi), Kisêdjê (langue jê), Kuikuro (langue karib), Matipu (langue karib), Mehinako (langue arawak), Nahukuá (langue karib), Naruvotu (langue karib), Tapayuna (langue jê), Trumai (langue trumai), Waujá (langue arawak), Yawalapiti (langue arawak), Yudja (lanhue juruna).
Brésil - Peuple Kisêdjê - Mythe et histoire - coco Magnanville
image L'endroit pour entamer une discussion sur l'histoire et la dynamique culturelle Kĩsêdjê se situe dans sa mythologie. Contrairement à certaines sociétés indigènes comme celles de l'Alto...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2020/08/bresil-peuple-kisedje-mythe-et-histoire.html
Depuis leur arrivée dans le parc indigène du Xingu, ils ont adopté des nouvelles habitudes et techniques des peuples qui y habitent mais sans pour autant abandonner leur singularité culturelle, entre autre la façon de chanter dans les rituels, l’expression de l’individualité et la façon d’être dans la société kisêdjê. Ils se distinguaient aussi il y a de cela quelques décennies par les grands plateaux labiaux et les disques d’oreilles.
Leur histoire est orale et transmise par eux-mêmes. Ils disent venir du nord-est et de la région du nord de la rivière Tocantins dans l’état de Maranhão. Ils se déplacent alors vers l’ouest en traversant la rivière Xingu et atteignent la rivière Tapajos. Là , ils se battent avec des groupes autochtones parmi lesquels les munduruku et les krenakore (Parana). Ils continuent alors de se déplacer vers le sud, vers le siège de la rivière puis ensuite ils partent vers l’est sur la rivière Batovi et entrent en contact avec les peuples du haut Xingu.
Les premiers contacts avec des non indiens ont probablement lieu au cours de l’expédition de l’allemand Karl Von Den Steinen qui campa sur les bords du Xingu dans un village kisêdjê en 1884. Le scientifique met l’accent sur la différence qui existe entre ce peuples et les autres de la région : il les décrits peints en rouge et noir, dormant sur le sol dans de petites maisons, avec une culture matérielle simple, une maison des hommes mais sans murs contrairement à celles des autres groupes.
A la fin du XIXe siècle, les yudja (juruna) et les kayapo du nord entrent dans leur région sous la pression et l’expansion des colonies et attaquent les kisêdjê. Ceux-ci partent à quelques kilomètres de la rivière Suia-missu. Subissant à nouveau des attaques de la part des yudja et des collecteurs de caoutchouc, ils partent vivre avec des parents et alliés chez les kamaiura dans le haut Xingu.
Mais les attaques continuent toujours avec les kayapo et cela conduit à la disparition des femmes du groupe les conduisant à aller « rapter » des femmes dans les villages waura .
En 1959, les frères Villas Boas envoient un groupe de yudja pour prendre contact pacifiquement avec les kisêdjê. Ceux-ci se rapprochent facilement et amicalement et reçoivent bien les colons ainsi que la possibilité de soins médicaux.
Ils se rapprochent du poste indien de Diauarum, construisent un village et rencontrent leurs anciens ennemis les yudja , les trumai et les metuktire (kayapo). Certains kisêdjê se marient avec des trumai, d’autres avec des yudja. Dans les années 60, les jeunes hommes commencent à couper leurs cheveux dans le style du Xingu, ils abandonnent progressivement les plateaux labiaux et ceux des oreilles, les oreilles des enfants commencent à être percées dans le style du haut Xingu. Des conflits les opposent encore aux trumai. Ces derniers sont déplacés vers le sud et les kisêdjê plus haut sur la rivière Suia-missu dans un nouveau village.
Leurs contacts rapprochés avec les yudja et les kaiabi leur font adopter la forme de tissage et la construction des villages à l’identique de ses peuples.
En 1969 suite aux contacts désastreux avec des blancs, 41 survivants tapayuna (béicos de pau) sont déplacés et vont rejoindre les kisêdjê. Les deux peuples ont des origines communes. Un nouveau village est construit suite à cette nouvelle dynamique et les deux groupes retrouvent avec plaisir des cérémonies et des coutumes communes.
En 1980, les tapayuna se sentant suffisamment forts construisent leur propre villae et de nos jours, les derniers tapayuna vivent avec les metuktire.
Au sein des contacts avec les autres groupes, les kisêdjê ont encore appris d’autres coutumes :
Avec les kamaiura, ils apprennent la transformation du manioc
Avec les captifs waura, les femmes ont appris la fabrication des pots et des plaques pour la cuisson du pain(beiju)
Ils ont appris à construire des canots, les langues, les logements, les cérémonies, l’ornementation des corps.
Mais cela n’empêche pas que parallèlement, ils continuent à chasser des animaux que les autres peuples ne consomment pas, à planter du maïs, des patates douces et à confectionner l’artisanat pour les cérémonies.
Les kisêdjê privilégient l’ouïe et la parole comme sens majoritaires et dignes d’intérêt. Les oreilles et la bouche, même s’ils ne sont plus ornés comme auparavant représentent une conception importante pour la personne. Pour eux, l’oreille est le récepteur et la place où sont stockés les codes sociaux et les connaissances en lieu et place de l’esprit et du cerveau.
La chanson est très importante, tout le monde chante. C’est une expression individuelle et collective. La parole est importante et elle existe en deux parties : la langue courante (kaperni) et le discours de place (ngaihogo koperni). Dans le discours de place il y a la parole en colère et le discours que tout le monde écoute.
Ils utilisent plusieurs sortes de chansons, dont l’akia chantée seulement par les hommes et Ngere chanté par les hommes et les femmes. Les chansons de cri sont un moyen par lequel les hommes kisêdjê parlent publiquement de leur identité. Les femmes ont leurs cérémonies dans lesquelles elles jouent le rôle principal et elles sont écoutées par les hommes. Certaines femmes comme les hommes sont maîtres de cérémonie.
Quand un homme est triste ou en colère, il ne chante pas ou très doucement. Quand il est heureux, sa voix se fait entendre plus fort que tout le reste.
Ils n’utilisent pratiquement pas d’instruments de musique en dehors des flûtes dont ils ont hérité également de l’utilisation par contact et des hochets qui accompagnent parfois leurs chants. Dans leur cosmovision, le chant à le pouvoir de rétablir les ordres du monde et créer aussi d’autres.
Comme on a pu le voir plus haut, la parole et l’ouïe sont deux sens majoritaires pour les kisêdjê. Parallèlement, la vue et les yeux ainsi que l’odorat ne sont pas autant apprécies. Les yeux contrairement aux pensées des autres groupes humains qui pensent qu’ils sont la « fenêtre de l’âme », représentent pour eux une faculté potentiellement dangereuse et antisociale. La vue est un attribut de la sorcellerie. La sorcière (wayanga) possède une vision extraordinaire. Les sorcières au sens propre du mot sont des êtres asociaux qui peuvent rendre les gens malades ou les tuer. La personne devient sorcière quand une « chose sorcière » invisible se place entre ses yeux. Ces personnes alors possèdent ce que j’ai envie d’appeler un don de double vue, elles peuvent se transformer également en oiseaux et voler dans les maisons et sur de longues distances.
Hommes comme femmes peuvent devenir sorcières en marchant sur une nouvelle tombe, en ayant des relations sexuelles avec une sorcière ou en touchant une sorcière morte.
L’odorat quand à lui est sensé être un attribut essentiellement animal car il est très développé chez les animaux qui peuvent utiliser leur « nez ». Chez les kisêdjê ; le nez est rarement souligné avec la peinture sauf de couleur noire. Les odeurs ont également leur importance car elles permettent de classer les animaux (dont font partie les plantes et les hommes) en trois groupes selon leur odeur qui peut être forte, fade ou piquante. Les animaux ayant une forte odeur sont très puissants et peuvent se montrer dangereux (carnivores, fluides sexuels, femmes). Les choses ayant une odeur piquante sont moins dangereuses. Ce sont des choses comestibles comme les plantes médicinales.
La catégorie fade comprend les animaux et les choses bonnes à manger pour la plupart des gens y compris des hommes initiés.
Le village est organisé à présent de la même façon que les autres villages du parc du Xingu.
La maison d’habitation est composée des parents de la femme, de ses sœurs célibataires et mariées avec leurs maris et enfants, des frères célibataires et parfois des orphelins ou des visiteurs en provenance d’autres groupes.
Pour les kisêdjê ; chaque être socialisé comporte trois parties : le corps physique (résultat de la semence du père accumulée et développée dans le ventre de la mère), une identité sociale qui est transmise par un groupe de noms donnés par le frère de la mère du garçon et l’esprit (ombre ou réflexion).
Ils sont très tolérants avec leurs enfants, ne les frappent pas. Ces derniers sont éduqués au moment de la puberté pour agir correctement en fonction de ce qu’ils auront appris.
Il y a des classes d’âge marquées par des cérémonies d’initiations complexes en phase avec la rupture des liens avec la maison natale pour les hommes qui iront vivre dans la maison des hommes. Pour les femmes, il y a moins de classes d’âge et les rituels sont moins élaborés. Elles continuent de toute façon à vivre tout au long de leur vie dans la maison de leur mère.
A la ménopause, le statut de la femme change et elle peut participent aux activités économiques liées à la vie interne de ses enfants. Les femmes âgées sont respectées pour leur savoir et consultées par les jeunes générations.
Dans le village, les hommes les plus influents sont les chefs des factions politiques ou les spécialistes des connaissances pour les cérémonies. Les fonctions d’un chef sont de coordonner les activités des groupes et de résoudre les différents par l’art oratoire. Quand le chef a terminé sa parole en public à haute voix sur la place centrale, tout le village est censé avoir « tout entendu » et se comporter en conséquence.
On devient leader par hérédité patrilinéaire.
Les filles d’un leader ont un statut considérable, elles sont actives dans la vie publique et leurs opinions sont respectées par les autres femmes.
Indigènes du peuple Kisedje, dans le village Khikatxi de la TI Wawi, dans le Xingu (MT), participent à une mobilisation nationale contre les menaces qui pèsent sur leurs droits (amazônia real sur twitter)
Ils sont insérés au cours de rites de passage et sont des marques de statut.
Depuis 1959, ces derniers ont changé car avant hommes et femmes adultes portaient de grands disques de bois ou des spirales de feuilles de palmier peints à l’argile blanche insérées dans leurs oreilles. Ces disques pouvaient atteindre un diamètre de 8 cm. Les femmes ne les portent plus mais les hommes continuent encore à se garnir les lobes d’oreilles.
Les hommes portaient un disque à lèvres dans la lèvre inférieure percée et étendue d’une étroite bande de muscle pour tenir le disque de bois pouvant atteindre un diamètre de 7 à 8 cm. Les disques étaient peints au roucou sur le dessus et les côtés mais laissée blancs sur le dessous.
Les oreilles sont percées pour les deux sexes aux premiers signes d’activité sexuelle si ce n’est pas fait à la naissance. Les lèvres inférieures des hommes sont percées vers l’âge de 15 ans à 20 ans quand ils ont atteint l’âge adulte et peuvent entrer dans la maison des hommes.
Ces deux formes de disques sont entièrement associées à la parole et au chant.
La couleur des ornements avaient une signification : le rouge est associé à la chaleur, il est belliqueux. La conception circulaire sur la partie inférieure de la lèvre représente la constellation d’étoiles nommée les pléiades.
Les disques d’oreilles peints en blanc représentent la fraîcheur et la passivité.
Lorsque le nez et les yeux sont peints pour les expéditions de chasse ou au cours des cérémonies, c’est en noir, couleur associée aux attributs des sorcières antisociales.
Partage des taches
les femmes s'occupent de la préparation des aliments qu'elles produisent dans les jardins qui sont sous le modèle courant de l'abatis brûlis pratiqué par les peuples de la réserve du Xingu.
Elles s'occupent de la transformation du manioc pour en faire du pain, de la farine et des bouillies, elles cuisent les poissons et la viande que rapportent leurs époux.
Les taches féminines sont partagées entre toutes les femmes vivant sous le même toit, accompagnées des groupes d'enfants et des animaux.
Les femmes produisent aussi la bière de manioc fermenté, le caxiri comme elles l'ont appris des yudja.
La collecte de fruits sauvages est plus limitée que pour les autres peuples, elle se concentre sur les fruits du péqui, des mangues et des fruits de palmier.
les hommes sont responsables de l'abattage des arbres pour défricher les parcelles, de la plantation, de la chasse et de la pêche, de la construction des pirogues et des maisons.
PC: Comme vous l'aurez constaté, peu d'images illustrent ce peuple. Il y en a peu d'accessibles, aussi, je vous envoie sur le site de l'ISA qui possède des images protégées mais qui vous donneront une plus large idée sur cette magnifique et riche ethnie (au point de vue culturel bien entendu).
Caroleone
Source : socioambiantal, wikipédia
Brésil : Le parc indigène du Xingu
Parc indigène du Xingu (PIX) Dans l'état du Mato Grosso au Brési Sa création Le premier découvreur des indiens du Xingu a été le médecin, ethnologue allemand Karl Von den Steinen en 1884. S...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2013/11/le-parc-indig%C3%A8ne-du-xingu.html
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