Brésil : Le peuple Ikpeng

Publié le 29 Novembre 2013

Les ikpeng

Peuple autochtone qui vit dans l’état du Mato Grosso au Brésil

Connu aussi sous le nom de txicão, un nom donné par des tribus hostiles

Ils font partie du parc indigène du Xingu (PIX)

Autodénomination : ikpeng

Population : 459 personnes (2010)

Langue : karib

La langue représente de nombreux points communs avec la langue des arara de la région du bas Xingu. Malgré tout, elle semble plus proche des groupes caraïbes du nord de l’Amazonie (apalaï et wayana).

Il existe aussi une affinité au niveau de la langue et des pratiques culturelles entre les ikpeng et les aipaka (Tocantins) ainsi que les yaruma.

La langue est toujours bien parlée mais le portugais s’insinue dans les pratiques et risque à plus ou moins long terme de provoquer l’altération de la langue originelle. Aussi ont-ils créé le projet MAWO qui est un centre de documentation travaillant avec une base de données numériques concentrant les pensées écrites dans la langue, rassemblant aussi les documents relatifs au peuple, les films, les photos, les livres, les dessins, les textes…c’est un outil de recherche pour renforcer les connaissances.

Terres indigènes

 

  • T.I Roro-Walu (Jatobá/Ikpeng) - en cours d'identification. Villes : Paranatinga, Feliz Natal, Gaúcha do Norte.
  • T.I Xingu - 2.642.003,93 hectares, 6090 personnes, réserve homologuée dans l'état du Mato Grosso. Villes principales : Feliz Natal,  Gaúcha do Norte, Querência, São Félix do Araguaia, São José do Xingu. 16 peuples y vivent : Aweti (langue aweti), Ikpeng (langue karib), Kalapalo (langue karib), Kaiabi (langue tupi), Kisêdjê (langue jê), Kuikuro (langue karib), Matipu (langue karib), Mehinako (langue arawak), Nahukuá (langue karib), Naruvotu (langue karib), Tapayuna (langue jê), Trumai (langue trumai), Waujá (langue arawak), Yawalapiti (langue arawak), Yudja (lanhue juruna).

Les noms

Le processus de nomination est cumulatif tout au long de la vie. Les transmission se fait des grands-parents aux petits enfants et ils viennent des ancêtres. Ils consistent en une relation continue avec ces derniers et continuent la relation sociale. Il existe des surnoms qui s’interposent aux noms et parfois deviennent même des noms réels.

Histoire

En 1850, les ikpeng sont nomades et occupent une zone entre la convergence de nombreuses rivières et font la guerre à de nombreux groupes.

Les noms qu’ils donnent dans leurs récits aux rivières ne permettent pas de localiser la région. Mais les données recueillies malgré tout laissent à penser qu’il s’agirait du bassin de la Téles Pirès et la Juruena.

Les ennemis mentionnés sous le nom de tapuagwo abaga peuvent correspondre aux aipaka qui occupaient alors la région nommée plus haut à cette période.

Un peu avant 1900, les tribus adverses qui avancent vers leurs territoires sous les pressions de la colonisation les contraignent à traverser le Serra Formosa, une barrière naturelle marquant un fossé entre les bassins de la Telès Pirès, la Juruena et le Xingu.

Ils s’opposent alors à d’autres groupes, Abaga et kumari et aux bakairi. Ils attaquent des villages du Xingu des wauja, nahukwa et mehinaku.

L’influence de ces guerriers redoutables est inversée en 1960 quand après que les ikpeng leur ait volés deux enfants, les wauja font une expédition et tuent une douzaine d’ikpeng.

Entre les conflits guerriers et les maladies, ils perdent la moitié de leur peuple en quelques mois.

En 1964, les frères Villas Boas les trouvent dans un triste état : maladies et malnutrition.

La pacification des ikpeng est opérée par les frères Villas Boas et représente une rupture décisive dans l’histoire de ce peuple les aidant à s’établir dans des relations avec les autres groupes de la région.

Ils acceptent contraints malgré tout le transfert dans un autre territoire en 1967 en entrent alors en phase de dépendance.

Au début des années 70 ils sont regroupés en un village près du poste indigène Léonardo Villas Boas en ensuite ils déménagent dans la région du bas Xingu au-dessous du village de Terra Preta près du peuple trumai.

En 1985, Megaron Txucarramãe, administrateur du parc Xingu crée le poste indien Pavuru éloigné de 15 kilomètres du village Moyngo. Cette station est gérée par les ikpeng. Ils sont très impliqués dans la surveillance et la défense du territoire du parc indigène pour empêcher les intrus, les pêcheurs et les bûcherons d’y entrer.

Mais avant toute chose leur objectif principal est de retrouver la région attenante au PIX, un territoire hors limite dans le but de la reconnaissance de ce territoire.

La vie du village

Le village situé au-dessous du village de Terra Preta a un centre cérémoniel ou carré rituel constitué d’une ellipse avec deux feux. La maison mungné centrale n’est pas la maison des hommes puisque les femmes peuvent s’y rendre. C’est une hutte couverte mais qui n’a pas de côtés. Elle sert d’atelier d’artisanat, de salle de réception, elle sert aux cérémonies, elle est aussi un endroit convivial où boire et manger en dehors du groupe domestique et elle peut servir de cuisine communautaire.

L’organisation sociale

Il existe trois niveaux d’organisations sociales dans leur société : les personnes, la maison et le foyer.

Le tout social est un groupe solidaire par rapport à l’extérieur, parlant la même langue et évalué en tant que « groupe d’hommes » surtout au cours des cérémoniels.

Le groupe domestique représente le deuxième niveau. Les familles nucléaires vivent dans un même logement de la même construction que ceux qui existent dans le parc du Xingu, composé d’unités intérieures de diverses dimensions.

Les femmes se réunissent souvent pour préparer le pain de manioc. Les hommes, eux pour organiser les expéditions de pêche et de chasse.

Chaque famille nucléaire de co-résidents se regroupe autour d’un foyer qui sert à la cuisine et à réchauffer les nuits fraîches. Le partage du foyer regroupe la troisième unité composée de mari, femmes et enfants. Les ikpeng étant polygames et polyandres, il peut alors y avoir plusieurs conjoints partageant le même foyer. La parenté n’implique pas vraiment un ancêtre commun car ils ne différencient pas les consanguins des parents par alliance.

Le chef

Le chef ou oerem est celui qui dirige les activités domestiques qui décide la construction des maisons. Sa parole est la plus importante et il est respecté. Mais pour autant les décisions sont prises dans la maison des assemblées. Le statut de oerem est un statut de prestige qui se transmet de père en fils mais il est semi-héréditaire. En effet il faut avoir des qualités supplémentaires pour être chef, entre autre être très généreux, avoir la maîtrise de la langue et de la rhétorique et un sens aigu des relations sociales.

Il y a plusieurs oerem autour d’un réseau de groupes de parenté.

Celui qui enseigne et détient les histoires des ancêtres et un sage nommé oempagetkani.

Les chamans sont les scientifiques qui communiquent avec les esprits et enseignent à ceux qui veulent le devenir comment gérer les ressources naturelles et communiquer avec les esprits.

Image : Mutua Ikpeng quase pronto para festa Moyngo, Terra Indígena Xingu Aldeia Moygu

Initiation des enfants, le moyngo

C’est la principale fête célébrée par ce groupe. Ce rituel est précédé de nombreuses séances de danses puis une chasse qui implique les parents des enfants qui vont être tatoués. A la fin du rituel, les enfants ont le visage tatoué après avoir fait des incisions (rayures) sur le visage avec une épine de tucum, ils mettent du charbon extrait de la résine de yepkui. Cette cérémonie héritée des ancêtres (maragareum eptyum) est enseignée par les chamans et apprend à devenir des guerriers courageux et tenaces.

Peuple aux origines guerrières

La guerre tient une place centrale dans la culture ikpeng en tant que mythe et vision du monde. L’importance de la guerre est d’obtenir des biens, son objet principal est de venger la mort.

Ils pensent que c’est la sorcellerie des ennemis qui provoquent la mort et alors les prisonniers de guerre sont des substituts des défunts. Toute mort peut soulever une expédition de représailles. L’ennemi une fois capturé est incorporé dans la société ikpeng, bien traité et même source de prestige pour la famille qui l’a adopté. Même ceux-ci refusent souvent de retourner à leur tribu d’origine de crainte parfois d’être ridiculisés. Le remplacement de la mort alors se fait de deux façons : soit par la naissance soit par le captif intégré dans la société et qui en portant le nom des ancêtres portera le même héritage.

Leur association AIMCI

(Association ikpeng moygu communauté autochtone)

Association à but non lucratif qui les représente et à pour objectif la préservation de la culture, du territoire et de l’environnement xinguan, l’aide à l’éducation et à la santé, le développement des activités productives.

Leur site

Ikpeng.org

Reportages sur les ikpeng

Le jour où j’ai vu l’homme blanc, extrait

Pirinop mon premier contact avec l’homme blanc

Lien vers une analyse du film ICI

source : socioambiantal

Rédigé par caroleone

Publié dans #Peuples originaires, #ABYA YALA, #Brésil, #Ikpeng

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