Mexique : Le peuple Kiliwa

Publié le 17 Octobre 2013

Les kiliwa

Peuple autochtone du nord de la Basse Californie au Mexique qui vivait sur un territoire entre les cochimi au sud et les paipai au nord. Le territoire s’étendait de San Felipe sur le golfe de Californie à San Quintin sur la côte pacifique.

Ils étaient des semi-nomades chasseurs, pêcheurs cueilleurs.

Leur territoire « ko’lew nñimat » (la terre de nos gens ou notre terre) était un lieu de remarquables figures de la géomorphologie de la région. La terre était divisée en 12 sections correspondant à des lignées.

Ils ont été dépossédés de leurs terres ancestrales et ont dû déménager leurs maisons en vallée.

Obligés d’abandonner leur vie traditionnelle ils doivent vendre leur force de travail dans les plantations de maguey, un travail pénible utilisant la machette, pour les hommes et les femmes et qui ne les emploie qu’une petite partie de l’année.

Ils subissent également la déculturation provoquée par l'évangélisation et l'exode des plus jeunes vers les villes pour y assurer leur subsistance.

Population : 54 personnes

Langue : kiliwa de la famille des langues yumanes

La langue est quasiment éteinte il ne reste que 5 locuteurs âgés dans le municipe d’Ensenada et certains qui sont partis vivre avec les paipai.

Courte histoire des premiers contacts
  • 1542 : premiers contacts avec Juan Rodriguez Cabrillon qui atteint la région et les rencontre. Peu de contacts avaient eu lieu les 2 siècles auparavant.
  • 1766 : arrivée du jésuite missionnaire Wenceslas Linck dans la partie orientale du territoire avec pour objectif d’établir des colonies espagnoles en Californie.
  • 1775 : établissement de la mission de Santo Domingo sur le territoire kiliwa.
  • 1794 : établissement de la mission de San pedro Martir.
  • 1929 : Meigs rapporte que seuls 36 kiliwa adultes vivent dans 3 villages près de Arroyo Léon, à San Isidoro et dans la vallée Trinidad.
  • 1949 : Hohenthal dénombre 30 kiliwa adultes vivant dans 4 colonies.

Ce peuple qui s’éteint avait de magnifiques coutumes riches et profondes.

Mais il semble ne plus en avoir le souvenir et il est urgent que les anciens transmettent leur mémoire que leur histoire ne soit pas perdue à jamais.

Mode de vie traditionnel

La chasse

Ils chassaient le cerf, les lapins, les antilopes, les oiseaux, reptiles, mouflons etc….

Les arcs fabriqués à la main possédaient des parties en cuir de vache ciselé. Les flèches avaient des pointes de bois ou de pierre. Ils fabriquaient des bâtons de jet en bois, des filets en fibre d’agave.

La viande chassée était partagée entre tous les habitants de la tribu.

Pêche de poissons et crustacés

Cueillette de plantes sauvages, de pignons, de fruits du pitaya et fruits de cactus et de miel

Culture de maïs, haricots

Artisanat

Les femmes fabriquaient de la vannerie et de la poterie à des fins utilitaires. Le travail du cuir de vache ou de cerf était important. Les produits fabriqués : sacoches pour stocker les graines, les pignons, ytransporter les forunitures à cheval, ornement des outils de chasse.

L’habitat

Les maisons traditionnelles étaient semi-enterrées avec des toits de saule et de chaume et ils avaient des huttes de sudation.

Coutumes

La société était basée sur l’héritage patrilinéaire avec deux niveaux de patrilignages (ou clans de frères et sœurs) correspondant aux simuls et à d’autres groupes yumans occidentaux.

Les chamans avaient le pouvoir de guérison mais aussi celui de provoquer les maladies et ils suscitaient les craintes. Ils présidaient les cérémonies religieuses.

Les cérémonies étaient liées aux rites de passage en particulier :

  • La naissance, à travers les tabous, des exigences particulières. Par exemple le père devait observer une couvade (il prenait le lit lors des couleurs de travail).
  • L’initiation des garçons : pour les garçons âgés de 15 ans : cérémonie de perçage du nez (mimipusa) et des activités s’étendant sur une période de 2 mois.
  • L’initiation des filles : lors de la première menstruation et à l’origine de prescriptions de tabous.
  • Le mariage : tous les habitants du village devaient offrir des cadeaux aux parents de la mariée. Le mariage entre 2 femmes était permis et le divorce semblait facile pour les 2 parties.
  • La mort : elle donnait lieu à des cérémonies plus élaborées encore. Les biens des morts étaient brûlés.
Les croyances

La lune était leur dieu principal mais ils avaient aussi une divinité solaire et 4 divinités mineures, les frères, des figures anthropomorphes de bois.

La pierre de sorcière était vénérée car elle représentait un visage d’indien. Elle était sensée accomplir des miracles. Elle est toujours vénérée de nos jours ou du moins ce qu’il en reste car les missionnaires l’ont détruite en disant que c’était un lieu païen.

Dans le documentaire exceptionnel de Nicolas Défossé tourné au moment du passage de l’Autre campagne de Marcos, ont peut prendre largement connaissance de ce peuple qui vit alors sous nos yeux avec ces atteintes , ses peines et ses craintes.

Sources : wikipédia, le documentaire de Nicolas Défossé ci-joint

Images tirées du documentaireImages tirées du documentaire

Images tirées du documentaire

Les kiliwa à partir de 30 mn sur la vidéo

KILIWA

 

 

Traduction carolita de l'article de l'INPI

 

Autodénomination et tronc linguistique

Ils s'autodésignent ko'lew, une voix qui se traduit par "homme chasseur", "les gens comme nous" ou "ceux qui partent", et qui est également utilisée pour nommer leur langue, qui fait partie de la famille cochimi-yumana.
Ces dernières années, leur langue a connu un processus accéléré de disparition, puisque le nombre de locuteurs de kiliwa est désormais inférieur à cinq.

Langue

 

Le kiliwa est une langue à très haut risque de disparition. Lors du dernier recensement (2010), seuls 46 locuteurs ont été enregistrés. Le kiliwa ou Ko'lew appartient à la famille Cochimí-Yumana et est parlé dans huit localités de la municipalité d'Ensenada, en Basse Californie.

Localisation et zone écologique

Ils vivent dans l'ejido Kiliwa, également identifié comme Arroyo de León dans la municipalité d'Ensenada, en Basse Californie, situé dans les basses terres près de la Sierra de San Pedro Martir. D'autres vivent à Valle de la Trinidad, Santa Catarina et Ensenada.
Le climat de la région est sec et extrême. L'altitude atteint jusqu'à 2 000 mètres d'altitude ; le sol est aride et semi-aride avec une végétation à prédominance de broussailles. Parmi la flore se trouvent gobernadora, peuplier, palo verde, jorote, jojoba, palo fierro, chêne, biznaga, valériane et d'autres cactus. Dans les montagnes, il y a des forêts de pins nains et de pins sylvestres.

Histoire

Ils étaient autrefois nomades et organisés en petites bandes familiales qui voyageaient selon des cycles saisonniers, vivant de cueillette, de chasse et de pêche, profitant de divers écosystèmes sur des territoires spécifiques qu'ils partageaient avec d'autres bandes du même clan. Ce modèle de subsistance et d'organisation sociale a été modifié lorsque les colonisateurs, avec la formation de missions, de villages et de zones agricoles, se sont appropriés la plus grande partie de leur territoire, ne leur laissant que de petites zones.
Historiquement, le territoire occupé par les Kiliwas couvrait la région côtière de la baie de San Felipe jusqu'à un point au sud de la baie d'Ometepec, des fractions des sierras de Las Pintas, Juárez, San Miguel, Salvatierra et San Pedro Mártir, et les vallées actuelles de San Felipe et San Matías et une partie de la vallée de la Trinité.
Ils étaient les seuls habitants originaux de la Basse Californie qui n'ont jamais accepté de se soumettre aux activités des missionnaires. Ainsi, face à la pression pour les établir dans les différentes missions dans des endroits comme San Pedro Martir, Santa Catarina, et Valle de Guadalupe, les indigènes  Kiliwa, Pa ipai, Kumiai, et Cucapa ont mené plusieurs soulèvements de mécontentement. Ces problèmes entre les missionnaires et les indigènes ont continué jusqu'en 1840, lorsqu'un nombre considérable d'indigènes se sont unis pour détruire la mission stratégique de Santa Catarina. Ainsi s'est achevée une période conflictuelle qui a duré 50 ans.
Durant cette période, en raison de problèmes agraires, ils ont migré massivement de Arroyo Grande à Arroyo de Leon, provoquant des bouleversements internes qui ont entraîné la dispersion de certains membres de la lignée Ochurte, de sorte que certains se sont intégrés aux Pa ipai de Santa Catarina et à la Sierra de San Miguel. Cependant, Arroyo de León est devenu le principal centre de population Kiliwa.
Après plusieurs années de lutte, le dernier capitaine des Kiliwa, Cruz Ochurte Espinoza, a obtenu la dotation éjidale en 1970, mais le problème ne s'est pas arrêté là car les terres cédées sont très irrégulières avec des collines rocheuses et des pâturages de mauvaise qualité. En outre, il existe actuellement un processus de perte progressive de leurs terres car la plupart des Kiliwa ont cédé leurs droits agraires à des non indigènes, mettant en danger leurs traditions culturelles liées à leur communauté.

Organisation sociale


Leur organisation sociale est basée sur la conformation des lignées par la voie patrilinéaire. Ces lignées sont, d'une part, les Espinoza, également appelés Ja'pokelko'wá, et d'autre part, les Ochurte, également appelés Ja'pokelko'wá, mais différenciés territorialement car les premiers sont originaires de Arroyo de León, tandis que les Ochurte viennent de Arroyo Grande. Les Kiliwa ont été liés entre eux par un système de filiation de type patrilinéaire qui s'est perpétué en mémoire d'un ancêtre commun aux caractéristiques mythiques.

Autorités

Parallèlement aux autorités formelles que leur intégration en tant qu'ejido implique, ils conservent leur autorité traditionnelle, représentée par un capitaine, une position héréditaire, dont le représentant est chargé d'administrer la justice sur le territoire.
Les Espinoza ont eu le commandement de la tribu depuis leur premier ancêtre commun, mais en raison de certaines circonstances, le contrôle est passé plus tard à la lignée Ochurte.

Religion et cosmovision


L'existence d'une dualité antagoniste représentée par Metipá et Maikwiak est fondamentale pour leur cosmovision. La première est considérée comme une force qui est attribuée à la création du ciel, du soleil, de la lune et de la terre, qui a appris aux hommes à procréer et à faire de l'artisanat. La seconde force, en revanche, était un créateur de guerre et avait des pouvoirs illimités pour déplacer des montagnes et tuer des gens. Le mythe est développé dans une géographie réelle, dans laquelle quatre montagnes sont importantes, chacune située en un point cardinal.
Le cosmos a été conçu comme une gigantesque voûte soutenue par une structure d'énormes branches arquées reliées entre elles, que les hommes pouvaient apprécier comme un arc-en-ciel. Ainsi, pour ce groupe, le ciel était un dôme construit à partir de plantes sauvages qui avaient été peintes, d'où la structure et la forme de l'habitation traditionnelle est précisément celle d'un dôme.

Activités productives

Pendant les mois d'été, les membres de la communauté mènent diverses activités : collecte de pignons, glands dans la zone de montagne, pour la vente et l'autoconsommation ; du jojoba, pour la vente aux acheteurs locaux ; et la chasse au cerf pour la consommation domestique et le commerce.
D'autres activités développées sont la collecte de miel sauvage, l'abattage modéré de la forêt pour l'extraction de poteaux de mesquite. Alors que certains sont employés comme cow-boys ou travailleurs occasionnels dans les ranchos et les plantations agricoles des environs, comme à Valle de la Trinidad, d'autres fabriquent des objets artisanaux destinés à la vente. Et en général, ils cultivent du maïs, des haricots, du blé, de l'orge et de l'ail, pour leur propre consommation et seulement ce dernier à des fins commerciales.
Certains membres de ce peuple indigène ont récemment pu accéder à une carrière universitaire et travaillent professionnellement.

Fêtes

Leur culture est en pleine mutation. Nombre de leurs propres cérémonies ont été abandonnées ou modifiées, comme le jamsip, un rituel funéraire qui se déroule sur trois nuits et au cours duquel ils déplorent la mort d'une personne, le ñiwey, tenu pour établir un contact avec le défunt afin d'obtenir des informations, et une fête, considérée comme la plus importante, qui se déroule pendant la période de récolte des pignons.
L'une des fêtes actuellement célébrées est celle du 6 septembre, date à laquelle est commémorée la remise des terres de l'ejido.

Gastronomie

Leur alimentation est très diversifiée et intègre différents produits végétaux et animaux disponibles dans leur environnement. Parmi les plats que l'on peut identifier, on trouve : la canne à kiote rôtie sur le feu ; l'atole de gland amer, qui après avoir été distillé pour éliminer le goût amer, est consommé bouilli avec du lapin ou du bœuf ; le pouzzolane de blé, qui après avoir été dépouillé est cuit avec de la ciboulette de montagne et dans certains cas avec du bœuf ; l'atole de maïs aux haricots, qui s'accompagne de viande rôtie ; les cacomites, qui sont des tubercules sauvages cuits dans une sorte de four de terre dans lequel on place des pierres au feu rouge, accompagnées de maguey ; l'atole de biznaga, qui est cuit, moulu et mélangé avec de la ciboulette frite au beurre ; et le bouillon de lapin, préparé avec du cresson, de la ciboulette et de la coriandre, entre autres.

Activité artisanale

Les artisans maîtrisent l'art du travail de la peau de bovins, avec laquelle ils fabriquent des sacoches qui peuvent être utilisées pour stocker des graines, des noix et pour transporter des provisions à cheval, ainsi que pour la décoration. Ils fabriquent également des objets en écorce de saule et de peuplier et en fibre d'agave, ainsi que des colliers à partir de graines sauvages (comme le gland), de vertèbres et d'autres matériaux.

ART

Musique ou danse

Les chants traditionnels étaient appris par les chamans pendant les rêves. Ces chants étaient chantés dans le but, par exemple, de faire pleuvoir. Les thèmes des chants cérémoniels étaient des descriptions de la nature telles que le lever et le coucher du soleil ou le chant des oiseaux. Auparavant, ils jouaient sur des petits tambours, des flûtes et des crécelles pour accompagner les chansons.
De nos jours, le seul instrument de musique qui subsiste est la bola, sorte de hochet fabriqué à partir d'une citrouille dans laquelle on introduit des graines et avec laquelle on suit le rythme des chants et des danses.

Médecine traditionnelle

Auparavant, il y avait des chamans qui chantaient des chansons spéciales pour soigner différentes maladies. Aujourd'hui, on ne connaît que les plantes, conservées par certaines personnes âgées, qui servent à soulager des affections comme la branche sacrée utilisée pour contrôler les maux de tête.

PHOTOGRAPHIES

documentaire en espagnol

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique, #Peuples originaires, #Kiliwa

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